Des erreurs lors de l’accouchement avaient laissé son bébé handicapé, l’hôpital de Douai condamné

La mère d’une enfant lourdement handicapée depuis sa naissance en 2009 au Centre hospitalier de Douai est parvenue à faire reconnaître devant le tribunal administratif de Lille des erreurs médicales commises lors de son accouchement.

Mélissa Blachier va enfin pouvoir faire construire une maison parfaitement adaptée au handicap de sa fille. « Le délai de recours est échu, la décision est donc définitive ». L’avocat lillois, Me Alexandre Demeyere-Honoré, savoure l’issue d’un combat qu’il mène avec cette maman depuis plusieurs années. « Ce qui est fou, c’est que sans sa démarche, il ne se serait rien passé ».

Lorsque la petite Shaineze naît le 24 mars 2009 au centre hospitalier de Douai, elle présente un état de mort apparente. Ses épaules sont déformées par l’accouchement et son crâne présente une bosse. Deux jours plus tard, l’enfant est transférée d’urgence au service de réanimation et de médecine néonatale du centre hospitalier de Lens pour une anoxie sévère.

Shaineze a donc manqué d’oxygène. Elle est atteinte de lésions cérébrales majeures responsables d’un lourd handicap mental et physique. Aujourd’hui, à la veille de ses 15 ans, elle ne parle pas, ne marche pas, est nourrie par sonde. Et ce sera comme ça toute sa vie.

Choix médicaux erronés

Mais depuis plusieurs années, sa maman, Mélissa Blachier, mène un combat pour faire reconnaître des manquements d’ordre médical lors de l’accouchement. Erreur de diagnostic, choix médicaux erronés, utilisation contre-indiquée de forceps et de ventouses, non-recours à une césarienne… Un expert en répertoriera vingt-et-un et conclura que si une césarienne avait été pratiquée suffisamment tôt, Shaineze aurait eu 100 % de chances d’être en bonne santé.

Dans sa décision du 29 novembre dernier, le tribunal administratif retient finalement un taux de perte de chance de 90 %, mais condamne le CH de Douai à réparer les préjudices subis tant par la maman que par l’enfant. Il devra verser plus de 1,6 million d’euros à Shaineze ainsi qu’à la caisse primaire d’assurance maladie (CPAM) de Lille-Douai. Une rente trimestrielle lui est également accordée.

Le centre hospitalier, dont « l’équipe médicale a été profondément traumatisée » selon le conseil de l’établissement Me Jean-François Ségard,est en outre condamné à rembourser à la CPAM les dépenses de santé qu’elle engagera pour Shaineze Blachier à compter de la présente décision, dans la limite d’un peu plus de 5,5 millions d’euros.

Publié sur la Voix du Nord le 21 février 2024, par Magalie GHU

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