LA VOIX DU NORD – Chantal David | 11/01/2019

Le 10 juillet, une automobiliste provoque un grave accident boulevard Beaurepaire à Roubaix. C’était le jour de ses 18 ans, elle partait fêter son anniversaire avec des amis, elle roulait sans permis… O.B. était jugée mercredi par la 6e chambre correctionnelle de Lille.

Il faut baisser le micro pour qu’on l’entende. O.B. veut bien admettre qu’elle a fait « une grosse bêtise » mais voudrait quand même qu’on passe à autre chose… À la barre, elle s’emporte un peu, pleure beaucoup. « Elle se souviendra du jour de ses 18 ans, toute sa vie » observe Me Gildas Brochen, son avocat.

Elle prend l’identité de sa sœur

Le 10 juillet dernier, elle voulait fêter son anniversaire au restaurant. Elle embarque deux copines et un copain dans une voiture prêtée, direction Wattrelos. Boulevard Beaurepaire à Roubaix, en pleine ligne droite, elle perd le contrôle et va se jeter sur la voiture qui arrive en face. Sous l’effet du choc, les deux voitures suivantes sont aussi accidentées. O.B. n’avait pas le permis, elle venait d’avoir le code, commençait tout juste ses leçons de conduite.

L’automobiliste heurtée l’a vue arriver : « Ça m’avait étonnée cette voiture qui zigzaguait… » dit-elle à la barre.

Dans un premier temps, O.B. a cherché à s’enfuir : « C’est vrai, reconnaît-elle, devant le président Bernard Lemaire, j’avais très peur d’aller en prison… » Par crainte également, elle ment aux policiers en se présentant sous l’identité de sa sœur, qui elle a le permis de conduire. On découvrira plus tard que la voiture dans laquelle elle roulait n’était pas assurée. O.B. l’ignorait et elle n’est pas poursuivie pour ça.

« L’accident a eu lieu peu après 21 heures. À quelques heures près, elle était jugée par la justice pour mineurs… »

Sur le banc de la partie civile, une jeune femme n’a pas l’intention de lui faire de cadeau. Elle était passagère arrière de la voiture : « Elle m’a laissé en plan après l’accident, sans me secourir… » Cette jeune femme a dû être désincarcérée, avec une fracture du bassin et d’un fémur. La médecine légale lui a accordé trois mois et demi d’incapacité.

La prévenue n’a pas un mot de regret à son encontre. Elles étaient amies, désormais elles se détestent, et leurs échanges à la barre, virent à la bagarre de cour de récré.

À tour de rôle, la procureure Noémie Roche et Me Gildas Brochen en défense insistent sur l’immaturité de la prévenue : « Elle est née le 10 juillet 2000 à 17 h 20. L’accident a eu lieu peu après 21 heures. À quelques heures près, elle était jugée par la justice pour mineurs… » souligne l’avocat.

La procureure a requis douze mois de prison avec sursis et un travail d’intérêt général de 105 heures.

La prévenue quitte néanmoins la salle en larmes : « Je vais devoir payer toute ma vie… »

Les plaidoiries de Me Claire Titran et Jerômine Armand en partie civile lui ont fait mesurer l’ampleur de sa « grosse bêtise».

Les premiers dommages et intérêts demandés dépassent 10 000 euros. Et ce ne sont que des provisions.

Le tribunal rendra son jugement le 13 février.