Métropole lilloise: Un jardinier de ferme à cannabis prêté à la France par la justice hollandaise

Mardi et mercredi, le tribunal correctionnel de Lille s’est penché sur un dossier de trafic de cannabis entre les Pays-Bas, la métropole lilloise et le Douaisis. Dans le dossier, les autorités des Pays-Bas ont incarcéré et transféré un suspect afin d’aider la justice française. En 2018, il a planté au moins 300 plants de cannabis dans une ferme clandestine en France.

Lakhdar Belaïd | Publié le13/01/2022 sur la Voix Du Nord

En 2018, des enquêteurs surveillent d’importants transits de stupéfiants entre le Maroc et la France. Ils découvrent alors un autre trafic dans la métropole lilloise. Entre novembre 2017 et octobre 2018, la police suit notamment les activités d’un boucher du boulevard de Metz, à Lille, et de son frère. Ils sont en relation avec un cousin installé aux Pays-Bas. Cet homme de 41 ans a été incarcéré à la maison d’arrêt de Sequedin le 15 décembre dernier. Auparavant, il avait été interpellé à Etten-Leur, aux Pays-Bas, afin de s’assurer de sa présence, à Lille, à une audience où cinq personnes, dont les deux Lillois, étaient également convoquées ce mardi et ce mercredi. Il ne s’agit plus, ici, de stricte importation de cannabis, mais surtout de production.

Expert amateur ?

J. D., Hollandais « prêté » par son pays, aiguise toutes les curiosités. Défendu par Alexandre Demeyere Honoré, ce père de famille admet son rôle de conseiller technique. Il est venu mettre en place une ferme de cannabiculture à Cuincy, dans le Douaisis. Le temps des travaux, le locataire de la maison est parti en vacances au Maroc. L’apparent désir de transparence de J. D. connaît cependant des limites. Il refuse d’être considéré comme un spécialiste. « J’avais dit à mon cousin que, par le passé, j’avais cultivé cinq plants pour moi-même », résume le seul détenu de ce dossier. « Faire pousser cinq pieds est une chose, sourit, ironique, le président Mikaël Simoëns. En cultiver 300 en est une autre… »

Tolérance hollandaise

L’homme donne la liste des tâches réalisées à Cuincy : « branchement des lampes, placement des récipients pour les plants, mise en place de l’évacuation d’air… » « Est-il légal d’acheter 300 pieds de cannabis aux Pays-Bas  ? », interroge le président. Énigmatique, le suspect répond par une pirouette verbale. Il explique avoir emprunté la « petite porte arrière ». La salle est perplexe. Un décryptage est apporté par l’interprète traduisant les débats. « L’expression petite porte arrière évoque une tolérance selon lequel, aux Pays-Bas, certains comportements illégaux ne sont jamais poursuivis », résume-t-elle.

En octobre 2018, la police lance une vague d’interpellations. Selon le boucher lillois et son frère, la ferme de Cuincy n’aurait fourni qu’une seule récolte. Quant à un autre local à Tourcoing, il n’aurait donné qu’une herbe de bien piètre qualité. D’où l’intervention de J. D. ? La procureure Pascale Girardon réclamera des peines allant de un à quatre ans de prison, dont 18 mois pour J. D. Délibéré le 1er février.