Tribunal de Lille : une rupture conjugale mène à des documents des services secrets

Il y a un an, un homme en cours de séparation alerte les gendarmes. Dans les cartons de sa compagne, il a découvert une liasse de documents ultrasensibles. Policière, son ex a été en poste à la Direction centrale du Renseignement intérieur (DCRI).

Publié sur la Voix du Nord : 29 Septembre 2022 à 14h15 

Les relations amoureuses en déclin peuvent s’achever sur le mode du naufrage. La procureure Florence Cluytens se montre pourtant, ici, « ravie de ce conflit conjugal ». Il a ramené au bercail des secrets d’État. En septembre 2021, un habitant d’un village proche d’Amiens alerte les gendarmes. En procédant à l’inventaire du contenu de son logement, cet homme a découvert des dizaines de pages quelque peu brûlantes. Une trentaine de feuilles sont ainsi estampillées Très Secret Défense, Confidentiel Défense ou encore Confidentiel Défense. X., policière de 36 ans et maman de quatre enfants, se tient maintenant raide à la barre. Alexandre Demeyere Honoré, son avocat, se poste juste derrière en embuscade, déterminé à attaquer, notamment sur la forme.

« Comment peut-on avoir ces documents chez soi ? »

De 2012 à 2014, X. est en poste à la Direction centrale du Renseignement intérieur. Sept ans plus tard, dans les placards de son ancien logis familial, la Direction générale du renseignement intérieur, qui a succédé à la DCRI, retrouve notamment des organigrammes de cette dernière. « Sur ces fichiers, près de 43 personnes sont toujours en activité », poursuit la procureure. D’autres pièces évoquent de contacts extérieurs, des « pseudos de partenaires étrangers ». En tout, une soixantaine d’agents et autres interlocuteurs apparaissent sur ces pages. « Vous avez gardé ces documents depuis 2014   ? », s’étonne le président Mikaël Simoëns. « Je conservais beaucoup de choses dans mes cartons, répond X. J’avais beaucoup de retard dans mes rangements. »

Relaxe

« Comment peut-on avoir ces documents chez soi  ? », insiste le juge. « Je les avais oubliés », tente la prévenue. Elle pointe le doigt vers son ancien compagnon : « Il voulait me faire tomber. » La fonctionnaire est mal à l’aise. Face à ses collègues, elle a assuré avoir « de manière maladroite glissé » ces feuilles dans son cartable. « Ce type de document, on ne les emporte pas par hasard », la tance Mikaël Simoëns.

La procureure réclame neuf mois de prison avec sursis et 1 500 € d’amende. En défense, Me Demeyere Honoré assène notamment que les poursuites ont été mal engagées. Il réclame, et obtient, une relaxe.