Par Chantal David – LA VOIX DU NORD – Publié: 25 Octobre 2022 à 21h01

Un homme de 22 ans, a été jugé ce mardi 25 octobre au tribunal judiciaire de Lille, pour apologie du terrorisme et menaces de mort. Le 20 juin, il avait notamment posté des vidéos promettant de faire un attentat à la mosquée de Lille Sud.

Ce mardi, Jonathan Dhé a passé l’après-midi dans la salle d’audience avant de comparaître libre vers 19 h. Il avait dans un premier temps, été placé en détention provisoire.

C’est un petit brun fluet de 22 ans, sanglé dans une doudoune sombre, sacoche en bandoulière, jogging cintré et baskets. La procureure Anne-Laure Le Galloudec lui reprochera une attitude arrogante : « Vous arrivez les mains dans les poches… » Depuis l’été, Jonathan Dhé a renvoyé les deux avocates qui s’étaient succédé à sa défense. À la barre, il aboie quelques borborygmes sur sa vie personnelle, mais sur les faits, il gardera le silence.

 L’alcool et la fachosphère 

Mi-juin sur la plateforme Pharos, un internaute signale des propos inquiétants échangés sur la messagerie Telegram. Les policiers remonteront rapidement à Jonathan Dhé qu’ils cueillent au petit matin, le 23 juin à Faches-Thumesnil, « dans un appartement qui ressemble à un squat ».

Trois jours plus tôt, le jeune homme a posté plusieurs vidéos. La première montre la tuerie de Christchurch, une mosquée de Nouvelle-Zélande, où en mars 2019, il y avait eu 51 morts. Jonathan Dhé a commenté : « Un pur bonheur  ».

Me Jéromine Armand en partie civile s’inquiète encore plus des images de la grande mosquée de Lille Sud, qu’il a filmées rue de Marquillies. Les vidéos ont été postées avec la promesse de « faire une dinguerie dans une mosquée… Le vendredi il y a du monde, il y a moyen de tuer une bonne vingtaine de personnes  ».

Jonathan Dhé affirme qu’il n’a rien contre les musulmans, que simplement il avait bu une bouteille de vodka. La procureure se lève : « Il est intolérable que des gens se sentent menacés pour leur religion, leur couleur de peau… par des gens tels qu’un monsieur Dhé, bourré derrière son téléphone ». Le président Ludovic Duprey avait relevé que Jonathan Dhé a fréquenté des sites de la fachosphère, tels que « Français de souche » et « Mémoires du Reich ». La procureure observe à son tour : « Sur son téléphone, on trouve la fange, le fond du fond du seau d’internet ».

Huit mois de prison ferme

L’expert psychiatre qui avait examiné le prévenu en garde à vue n’a retenu aucune altération de son discernement. L’enquêteur de personnalité révèle un jeune homme sans repères, isolé, en grande précarité sociale et affective. Il n’est pas non plus un délinquant chevronné. Il a deux mentions sur son casier judiciaire.

Au tribunal, le parquet a requis 16 mois de prison : huit mois ferme à faire aménager par un juge d’application des peines, huit mois de sursis probatoire avec diverses obligations, une interdiction de paraître rue de Marquillies et 140 heures de travail d’intérêt général. « Vous seriez d’accord pour un travail d’intérêt général ? » interroge le président Ludovic Duprey. Réponse sans appel « Non ».

Le tribunal a condamné Jonathan Dhé à huit mois de prison avec mandat de dépôt et un suivi socio judiciaire de trois ans avec notamment l’interdiction de la rue de Marquillies.