Fusillade du Theatro: Huit jours de procès en trois points-clefs

JUSTICE Au terme d’une semaine de procès, l’avocat général a requis la réclusion criminelle à perpétuité à l’encontre de l’auteur des coups de feu devant une boîte lilloise, en juillet 2012…

Olivier Aballain  Publié le 05/12/16 à 16h59 — Mis à jour le 05/12/16 à 17h08 – Publié sur 20 miniutes

Le procès de la fusillade du Theatro touche à sa fin. Huit jours après le début des audiences aux assises du Nord, le sort de Faïçal Mokhtari et Djelloul Cherifi sera connu mardi. Les deux hommes sont jugés depuis le 28 novembre à Douai, pour la fusillade qui a tué deux personnes à l’entrée de la discothèque lilloise.

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L’avocat général, Luc Frémiot, a requis la réclusion à perpétuité contre Faïçal Mokhtari, auteur des tirs, et 20 ans contre Djelloul Cherifi, son complice présumé.

Qu’a-t-on appris ? L’un des seuls éclaircissements intervenus à l’audience concerne l’arme du crime, ce fusil Kalachnikov qui n’a jamais été retrouvé. En milieu de semaine, Faïçal Mokhtari a reconnu que cette arme lui appartenait, confronté à un texto de menaces envoyé peu avant les faits à son ex-compagne.

Le prévenu assure qu’il avait l’intention de la revendre. Mais pourquoi l’arme reste-t-elle introuvable ? « Elle a peut-être servi ailleurs, s’interroge Luc Frémiot. Auraient-ils peur que l’on fasse une analyse, qui permette de remonter à un braquage, par exemple ? »

Préméditation ou pas ? Une bonne partie des débats a porté sur la préparation du geste fatal. Dans son réquisitoire, Luc Frémiot certifie que le temps « certainement » passé par Faïçal Mokhtari à charger la Kalachnikov prouve, à lui seul, la préméditation.

La défense de l’accusé invoque son état alcoolisé. Mais cet état est démenti, selon le ministère public, par le sang-froid du tireur lorsqu’il s’est agi de préparer sa fuite.

Le principal accusé affirme par ailleurs que la rafale de Kalachnikov « est partie » sans qu’il ne puisse la contrôler, et qu’il n’avait pas l’intention de tuer. Mais un expert a indiqué que l’arme était « facilement maîtrisable » par un néophyte.

Le compère était-il complice ? Djelloul Cherifi a gardé la tête basse la plupart du temps. « Pour se faire oublier », estime l’avocat général. Pouvait-il ignorer ce que Faïçal Mokhtari allait faire quand il a accepté de le conduire, tous feux éteints, devant la boîte dont ils venaient d’être refoulés ? L’ancien champion de boxe thaï, qui connaissait Mokhtari depuis huit mois, était-il sous l’emprise de ce dernier, décrit par un psychiatre comme « un alter ego gratifiant » ?

Me Alexandre Demeyere, l’avocat de Djelloul Cherifi, assure que « rien n’établit » qu’il était conscient de la présence d’une arme dans le coffre de son véhicule. « Djelloul Cherifi aurait-il fait tout un circuit dans Lille, après avoir bu plusieurs verres de vodka, s’il savait qu’il avait une arme dans le coffre ? ». C’était en tout cas le début d’une virée fatale, qui s’est terminée en un « champ de ruine », tel que l’a décrit l’avocat général.